Graffiti dans les rues de Santiago, Chili

Graffiti dans les rues de Santiago, Chili

Graffiti dans les rues de Santiago, Chili

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Villes d’artistes : 5 destinations pour admirer du street art

Si les sites patrimoniaux et les musées constituent le sel des voyages culturels classiques, le street art attire toujours plus de visiteurs dans le monde, pour l’esthétique de ses fresques comme pour les messages qu’il délivre, souvent liés à l’histoire du pays, de la ville et du quartier. Le muralisme sud-américain est né à Mexico dans les années 1930. Le graffiti est né dans le Bronx dans la mouvance hip-hop au début des années 1980 jusqu’à se faire peu à peu une place prépondérante dans les disciplines artistiques contemporaines. Aujourd’hui, le street art crée un incroyable habillage urbain, comme un musée à ciel ouvert qui égaye des quartiers entiers.

 

Un art contemporain urbain et fascinant

L’identité picturale et chromatique de chaque ville se découvre au gré de balades. Bombe, pochoir, feutre, pinceau rouleau, collage décorent des murs bariolés de couleurs, de graphismes, de trompe-l’œil et de fresques gigantesques. Aujourd’hui, les toiles de grands artistes comme Banksy ou Obey se vendent des millions aux enchères des plus prestigieuses salles de ventes. Cet art éphémère est en perpétuelle évolution, une peinture recouvrant la précédente. Il est aussi globalisé, les graffeurs locaux invitent des pointures internationales à peindre leurs œuvres à New York où il est né, mais aussi à Toronto qui encourage la discipline, à Buenos Aires en Argentine ou Valparaíso au Chili, où il a été un moyen d’expression pendant la dictature, et même en Inde, témoin du renouveau urbain. Focus sur ces villes où le street art se découvre à chaque coin de rue.

 

New-York : le berceau du graffiti

La Grosse Pomme offre une scène artistique exceptionnelle, riche en institutions classiques comme en street art. Difficile de passer à côté du MoMa, le plus prestigieux musée d’art moderne des États-Unis qui réunit des tableaux les plus célèbres de Van Gogh, du Douanier Rousseau, de Picasso, Frida Kahlo ou du roi du pop art Andy Warhol. Mais c’est dans les ghettos afro-américains du Bronx qu’est né le graffiti avec ses lettres chromées, ses flops américains et sa calligraphie stylisée, étroitement lié à la mouvance contestataire hip hop des années 1980.
Aujourd’hui cet art embellit tous les boroughs new-yorkais. Au cours du circuit Loving New York, découvrez le Mural Project du Fulton Street Art Wall à Manhattan, non loin du World Trade Center Memorial. À SoHo, dans Little Italy, admirez les peintures de Tristan Eaton « Big city of dreams » et « Audrey Hepburn » au bouquet chromatique éblouissant. À Harlem, depuis près de 40 ans, des street artists locaux et internationaux viennent dans une cour d’école peindre des œuvres toujours plus spectaculaires sur l’immanquable Graffiti Hall of Fame

 

 

Valparaíso, du muralisme au street art

Le muralisme est né dans les années 1930 à Mexico. C’est le poète Pablo Neruda, qui sema les graines du street art à Valparaíso, au Chili, en invitant de grands muralistes mexicains à s’exprimer sur le Cerro Concepción et Cerro Alegre. Mais les murals sont devenus un véritable moyen d’expression politique clandestin pendant la dictature de Pinochet des années 1970, délivrant des messages de rébellion et de résistance. Puis il s’est affranchi de ses origines, transformant les ruelles escarpées et les façades décrépites de “Valpo” en une véritable toile géante à ciel ouvert, classée au patrimoine mondial par l’UNESCO.
Arpentez Valparaíso pendant le circuit Chili du nord au sud pour admirer les œuvres de graffeurs locaux comme Inti ou le collectif Un Kolor Distinto, mais aussi de nombreux artistes internationaux. Un circuit qui prévoit aussi une visite du quartier Bellavista à Santiago, où le street art égaye les façades du bien nommé quartier de Bellas Artes, concentrant bars, restaurants et théâtres. Passez par les rues de Loreto, Dardignac et Antonia López de Bello pour vous donner un aperçu de la richesse artistique de la capitale.

 

L’histoire de l’Argentine en filigrane sur les murs de la Boca

Autre pays sud-américain où le muralisme a fleuri : l’Argentine. Le quartier de la Boca à Buenos Aires est connu pour les façades aux couleurs franches de son « caminito ». Une fresque monumentale peinte par l’Argentin Alfredo Segatori raconte l’histoire de cette « bouche » qui brassait ouvriers et migrants européens débarqués au XIXe siècle. Ses murs racontent l’histoire du quartier, plus populaire et métissé. Ce même Sigatori a réalisé un gigantesque portrait de Maradona après sa mort en 2020, près du stade de la Bombonera où il a commencé sa carrière.
Sur les murs de la Boca se lisent aussi les affres de l’histoire comme dans l’œuvre « Prohibido Olvidar » (Interdiction d’oublier), de Lucas Quinto, qui rend hommage aux « Madres de la Plaza de Mayo », ces mères qui manifestent depuis 1977 pour réclamer leurs enfants disparus sous la dictature militaire. Pendant la crise économique de 2001, des fresques ont dénoncé la violence policière, le système capitaliste et la corruption. Aujourd’hui la Boca est le siège de nombreux festivals de street art tandis que San Telmo, le centre historique, compte aussi de jolies peintures que vous découvrirez pendant le circuit L’Argentine du nord au sud.

 

 

Le Canada, support institutionnel de l’art urbain

Au Canada, Toronto a été pionnière dans la valorisation du street art. Au lieu d’effacer les graffitis et fresques à coup de kärcher, les autorités ont décidé d’encourager cette forme d’art urbain dès 2012 à travers le programme StreetARToronto (StART) pour lutter contre le vandalisme. Graffiti Alley, à Chinatown, est une véritable galerie à ciel ouvert qui s’étire sur 1 km, sans compter les rues adjacentes ! Idem dans le quartier de Kensington Market avec l’allée Orbital Arts.
Montréal, tout aussi novatrice, a commencé la même année à transformer le street art en un outil social, avec le Festival Mural et l’association MU, qui soutient des projets de street art dans les quartiers défavorisés et où les résidents sont invités à prendre part à la création. Le Plateau Mont-Royal, avec ses ruelles colorées et ses fresques géantes, est le cœur battant de ce mouvement artistique. Le boulevard Saint-Laurent accueille chaque année le Festival Mural. Découvrez des œuvres magistrales au cours du circuit L’Est canadien confidentiel qui compte des temps libres dans ces deux villes.

 

En Inde, rencontrez Raja, un artiste qui peint des camions

Jodhpur, au Rajasthan, est surnommée la Ville Bleue. Au-delà des peintures bleutées représentant des scènes traditionnelles de la vie locale, vous découvrirez dans cette cité des peintures de street art saturées en couleurs franches au hasard des ruelles. Si le mur est le support classique des artistes, tout mobilier urbain peut être exploité : panneau stop, feux rouge, véhicules… Au cours du circuit Rajasthan confidentiel, vous rencontrerez Raja, un artiste qui décore des camions pour les transformer en véritable œuvres d’art.
Ce circuit en Inde vous mènera aussi dans le quartier de Lodhi à Delhi, où 50 street artists de renom ont lancé le projet Lodhi Art District en 2015, avec la Fondation St+art India. Découvrez d’incroyables représentations picturales sur les façades de ce quartier colonial britannique. Les visiteurs du monde entier viennent spécialement à Delhi pour admirer ce véritable musée à ciel ouvert.